Dossier

LES GISEMENTS DE VERTEBRES FOSSILES DE L’OLIGOCENE DU TARN (STAMPIEN à CHATTIEN)
HISTORIQUE DES DECOUVERTES ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

 

GISEMENTS DES CALCAIRES DE BRIATEXTE (MP25-27)

Encore éocènes pour Noulet (1860), ils sont assimilés aux calcaires oligocènes de Cordes et de Cieurac par Tournouër car leur faune de mollusques est identique à celle des Calcaires de Cordes.
Il sont ensuite successivement placés dans le Stampien supérieur par Vasseur et Blayac (1899), Répelin (1898-99) et Mengaud (1927), puis dans le Stampien moyen par Richard (1948), Astre (1959, 1964) et Bergounioux et Crouzel (1967).
Muratet et Cavelier (1992) leur assigne un âge plus ancien, Stampien inférieur, MP 21-23, qui en ferait un équivalent latéral des Calcaires de Lintin (= Calcaires de Larroque et Naussens).
Ils sont reclassés dans le Stampien supérieur, Biozone MP 23-24 par Sudre et al. (1992) puis dans l’intervalle Stampien terminal à Chattien inférieur, MP 25 à MP 27, par Astruc et al., (2003).

Saint-Martin-de-Casselvi-carrières du Prône (Saint-Gauzens)

Une première découverte d’ossements de mammifères est publiée par Noulet qui signale la découverte de « dents incomplètement conservées » d’un Anthracotherium dans le calcaire de Saint-Martin-de-Casselvi (1863, note infra-paginale, p. 27). Il rapporte ensuite ce fossile à Anthracotherium magnum (1967) et remarque fort justement « que ce fossile signe habituellement  l’étage le plus ancien de la formation miocène (comprendre Oligocène) ».
Cette constatation novatrice nous montre que Noulet avait parfaitement reconnu le caractère intermédiaire de cette faune, entre Eocène et Miocène. Elles ne l’emmèneront cependant pas à modifier sa conception trop large de l’Eocène.

Caraven-Cachin cite également Paloplotherium annectens et P. minus (1898, p. 324) dans le calcaire.

Répelin qui effectue le lever de la carte géologique de Toulouse au 1/80 000 (1898) a plus longuement étudié ces calcaires qui lui « ont fourni un assez grand nombre de débris de vertébrés actuellement à l’étude avec Anthracotherium de grande taille ». Selon Répelin, l’âge de ces calcaires n’est pas douteux, « C’est le niveau de Cordes, c’est à dire le Stampien supérieur ».
Ses récoltes ont du être examinées par Stehlin, qui évoque Briatexte dans son article fondateur de 1909 sur la « Grande Coupure ».

Roman qui a eu à examiner les récoltes de Répelin identifiera « une belle mâchoire de Cadurcotherium »  qu’il décrit comme Cadurcotherium nouleti. Le même gisement a aussi fourni des débris d’un Anthracotherium de grande taille associés à d’autres espèces qui ne sont pas encore décrites  » (Roman et Joleaud, 1909). Du même gisement, ils ont aussi identifié l’Anthracotherium magnum dans la collection Noulet de Toulouse.

Répelin (1919) décrira ensuite une mutation l’Endotelon depereti, de moindre dimension que l’espèce nominale, sous le nom d’Entelodon depereti mut. briatexensis.



Répartition des affleurements dans les carrières du Prône, par Astre, 1959, fig. 14

Richard (1946) et Astre (1957a, 1957b, 1959, 1964) placent le gisement dans le Stampien moyen. Ce que confirme Bergounioux et Crouzel (1967) par l’étude de matériel de collection non encore étudié de la Faculté de Marseille et de l’Institut catholique de Toulouse (collection transférée au Muséum de Toulouse).
D’après tous ces auteurs, le matériel connu des calcaire de Briatexte se compose ainsi, à Saint-Martin de Casselvi de :

Faculté des Sciences de Marseille :
Cadurcotherium nouleti (un maxillaire avec P4, Ml et M2) de la collection Répelin et décrit par Roman et Joleaud (1909), que Richard (1946) n'a pas été retrouvé en collection.
Entelodon depereti mut. briatextensis (mandibule avec M2-M5)
Dremotherium feignouxi (= Dremotherium nanum de Richard, 1946) (mandibule droite ; deux molaires inférieures).
Aceratherium (= Ronzotherium) filholi
Aceratherium (= Ronzotherium) minutum
Plagiolophus fraasi
cf Cynelos

Faculté des Sciences de Toulouse
Aceratherium (= Ronzotherium) filholi (plusieurs molaires ; fragments d'os)
Anthracotherium magnum (ajouté par Astre 1957b, p. 131)

Muséum de Toulouse, coll. Noulet
Aceratherium (= Ronzotherium) filholi (fragments de maxillaires et de mandibules ; dents isolées ; quelques os) (répertoriés sous le nom de Anthracotherium magnum, n° 2013.0.246 et 247), un autre avec la seule mention Saint-Gauzens n° 2013.0.245)

Collection Servelle
Hyaenodon leptorhynchus
Cephalogale sp.
Brachiodus sp.

La révision des faune du Prône permettent à Brunet (1979) d’ajouter les espèces suivantes : Plagiolophus fraasi, Ronzotherium romani, Anthracotherium (grande taille), Lophiomeryx chalaniati et Bachitherium sp. L’âge qu’il leur assigne est Stampien inférieur, biozones MP 21-23. Cette nouvelle datation aurait pour conséquence de placer le Calcaire de Briatexte en équivalence latérale du Calcaire de Lintin. Il est reclassé dans le Rupélien supérieur, Biozones MP 23- 24 par Sudre et al. (1992).
Ménouret et Guérin (2009) y citent, en outre, Cadurcotherium cayluxi (cette espèce se limitant à la Biozone MP 25)

De nouvelles fouilles dirigées par M. Hugueney livrent une riche faune de micro-mammifères, listées en annexe in Astruc et al. (2003). Elles montrent la présence de plusieurs niveaux stratigraphiques différents dans les calcaires  de la colline du Prône
- Deux niveaux inférieurs (« niveau bas »), espacés de 50 cm (bas et talus) renferment la même riche faune du Chattien basal, Biozone MP 25.
- Un niveau supérieur (« niveau haut »), dans les niveaux argilo-carbonatés supérieurs, à micromammifères du Chattien inférieur, Biozones MP 26-27.

Ces nouvelles datations des Calcaires de Briatexte permettent de conclure, après un siècle de discussion que la formation est équivalente à l’ensemble formé par les Calcaires de Cordes et de Donnazac situés au Nord du Tarn.


Coupe du versant méridional de la butte du Prône, à Saint-Martin de Casselvi, d'après Astre, 1959, fig. 15
Situation du niveau fossilifère principal.


Niveau inférieur des Calcaires de Briatexte dans les carrières du Prône


NIveau supérieur des Calcaires de Briatexte dans la carrière du Prône


Sous-espèce nouvelle du gisement

Entelodon deperti mut. briatexensis REPELIN, 1919. Bergounioux et Crouzel, 1967, fig. 4 (un fragment de mandibule avec M2-M5). Coll. Faculté des Sciences de Marseille (figuré ci-dessous).


Autres espèces figurées du gisement par Bergounioux et Crouzel, 1967 :

Hyaenodon leptorhynchus de LAISER et de PARIEU, 1838. Fig. 1 (coll. Servelle).
Cephalogale sp. fig. 2 (coll. Servelle).
cf Cynelos. Fig. 3 (coll. Répelin, Faculté des Sciences de Marseille).
Brachiodus sp. fig. 5 (coll. Servelle)
Aceratherium (= Ronzotherium) minutum. Fig. 6 (coll. Répelin, Faculté des Sciences de Marseille).


Pech de Faux (Briatexte)

Cette butte témoin de Calcaire de Briatexte située 1 km à l’Est de la colline du Prône « aurait fourni aussi son contingent d’ossements, mais trop fracturés pour être déterminables » (Noulet, 1867, note infra-paginale p. 179).
En raison de leur proximité, les auteurs ont le plus souvent confondus les deux sites et l’inventaire de Richard (1946) et Astre (1959) n’ont relevé la présence dans la collection Noulet « que de quelques fragments de molaires, traces d'incisives et de canines d’Anthracotherium magnum, dans un bloc de calcaire blanc ».
La collection Noulet du muséum de Toulouse plusieurs échantillons provenant du Pech de Faux, étiquetés Plagiolophus annectens (n° 2010.0.32) et Anthracotherium magnum (n° 2013.0.264), le dernier récolté par M. Compayré.

Le niveau serait équivalent au « niveau bas » des carrières du Prône. Stampien supérieur, biozone MP 25.

 

Missècle

Entre Missècle et Moulayes, on rapporte depuis Vasseur, à un équivalent latéral du Calcaire de Briatexte, un butte témoin d’un calcaire marneux, affleurant mal, dans lequel Astre (1959, p. 72), décrit « quelques bancs de calcaire blanc à cassure nette… renfermant de loin en loin, brisés, quelques ossements de vertébrés fossiles ».

 

suite. Gisement des Calcaires de Cordes